Lu sur le site du Monde diplomatique, sur le blog Planète Asie
[...] Des explosions sociales, la Chine en connaît des dizaines de milliers chaque année. Selon une étude récente de deux chercheurs de l'université de Nankai citée par Reuters, le pays a connu 90 000 "incidents de masse" (manifestations, émeutes, arrêts de travail, pétitions significatives) en 2009 (« Riot erupts in southwest China town : reports », Reuters, Pékin, 12 août 2011). Pour comparaison, l'Académie des sciences sociales de Pékin en recensait 60 000 en 2006. Une augmentation de 50 % eb trois ans. Bien sûr, ces données restent sujettes à caution, mais l'accroissement de la tension sociale est palpable.
[...]Il y a dix ans, ces mouvements étaient isolés, cachés, ignorés. Désormais, Internet et les téléphones mobiles permettent aux manifestants de se regrouper, de se faire connaître et d’accentuer la pression. Du reste, les autorités du Qianxi ont fait bloquer Weibo – le Twitter chinois – et toute recherche sur « Qianxi Comté » ou « Guizhou » aboutissait à un message indiquant que des « réglementations juridiques » empêchaient tout accès.
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Inutile de dire que les autorités chinoises ont reproduit avec empressement la déclaration du premier ministre britannique David Cameron envisageant, devant le Parlement, de bloquer l’accès des émeutiers aux réseaux sociaux. Dès samedi, le très officiel Global Times publiait un éditorial au titre évocateur : « Les émeutes conduisent à repenser la liberté sur Internet ». Même si le journal n’est publié qu’en anglais (et donc inconnu de la plupart des Chinois), il n’en est pas moins significatif de l’air du temps répressif.
[...]Ainsi, avant de prôner la censure, le Global Times s’interrogeait : « Existe-t-il un système politique parfait ? ». L’éditorialiste écrivait alors : « Les systèmes politiques modernes doivent garantir la démocratie, l’efficacité et la stabilité dans le même temps. (…) Les politiques démocratiques de l’Occident ont remporté des succès dans de nombreux domaines, mais ce n’est pas forcément la seule voie (…). La Chine est à la croisée des chemins pour les réformes. Nous pouvons apprendre de la démocratie occidentale ». Evidemment, l’auteur ajoutait aussitôt : « Mais le plus important pour nous est d’avancer à partir des conditions nationales (…). Nous devons clairement nous rappeler que nous ne savons pas ce que veut dire vraiment une politique démocratique, et que même les pays occidentaux (…) doivent affronter un avenir incertain. »
Martine Bulard
Pour aller plus loin...
"Le texte qui fait parler toute l'Angleterre" dans Le Soir
"The moral decay of our society is as bad at the top as the bottom" sur le blog de Peter Oborne, éditorialiste politique en chef au Telegrah
"Les raisons de la colère" dans le Courrier international (voir les différents liens en bas de l'article)
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