samedi 1 octobre 2011

Le bonheur du Bhoutan à l'épreuve des aléas du climat

Lu sur le site du Monde

Le changement climatique menace le modèle de développement écologiquement vertueux du Bhoutan, assure un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié en septembre. Le royaume himalayen, qui a opté pour un développement "vert" en 1972, pourrait voir compromis ses efforts pour atteindre le bonheur national brut, indicateur de développement qui y remplace le produit intérieur brut.


Grand comme la Suisse, enclavé entre la Chine et l'Inde, le pays est directement exposé à la fonte des glaciers. Le débordement des lacs d'altitude, susceptible de provoquer inondations et glissements de terrain, est l'un des premiers risques auquel il est confronté. Et la hausse des températures va entraîner des changements dans le régime des pluies, qui seront moins prévisibles.

La sauvegarde de l'environnement constitue l'un des quatre piliers du bonheur national brut. Le royaume s'est d'ailleurs engagé à être un puits de carbone et à maintenir un couvert forestier sur 60 % de sa superficie. Il a notamment interdit l'exportation de bois non transformé et instauré une taxe destinée à décourager le tourisme de masse.

Cela ne lui évite pas les effets planétaires du changement climatique. Le Bhoutan a donc engagé, en 2001, un Programme d'action d'adaptation nationale (NAPA). Mais il dispose de moyens limités, alors que des "financements sont nécessaires rapidement" pour faire face aux conséquences du changement climatique, affirme Ajay Chhibber, du PNUD. D'autant que, souligne le rapport, "comme les progrès réalisés par le pays sur le front du développement humain sont récents, (ils) pourraient être remis en cause".

Le Bhoutan a enregistré d'importants progrès ces dernières années en matière d'espérance de vie (69 ans en 2010), de scolarisation et d'accès aux soins. De même, le royaume est bien parti pour atteindre une grande partie des Objectifs de développement pour le millénaire. Mais le PNUD pointe des risques de fragilisation de ces résultats, comme la possibilité d'une résurgence du paludisme et de l'apparition de nouvelles maladies dues au réchauffement.

Adapter ses pratiques
Par ailleurs, il estime que l'agriculture, majoritairement pluviale, risque d'être contrainte d'adapter ses pratiques et ses choix de cultures aux évolutions climatiques. Or 60 % des Bhoutanais vivent de l'agriculture de subsistance. Face à ces enjeux, le PNUD met en avant les efforts à produire en termes d'éducation.

Le rapport doit permettre de "renforcer les positions d'un pays comme le Bhoutan face aux difficultés que rencontrent en ce moment les négociations sur le climat", estime Claire Van der Vaeren, représentante du PNUD au Bhoutan. "Attirer l'attention internationale sur les défis du changement climatique au Bhoutan est un des objectifs de ce rapport", assure-t-elle.
Virginie Pascase  
Article paru dans l'édition du 29.09.11

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